II. Les buts américains
A) Buts stratégiques américains
Comme l'avait prédit Churchill, la fin de la guerre entraîne une grande vague communiste en Europe et ce, même dans les pays libérés par les Américains, ruinés par la guerre. Le plan Marshall prend alors toute sa signification dans cette guerre idéologique. On peut signaler comme exemples les plus frappants:
-La France, où le parti communiste français (PCF) qui voue un culte à Staline devient premier parti de France aux Législative de 1945 avec 26,2% des voies (159 députés) devant la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière) avec 25% et le PR (Parti Républicain) avec 13,6%. Le parti communiste Français restera toujours premier ou deuxième jusqu'en 1956 avec entre 25% et 30% des voies.
-L'Italie, où le parti communiste Italien allié aux socialistes arrive en tête aux municipales dans des villes stratégiques (Turin, Bologne, Naples, Gènes et Rome).
-Les partis communistes dans les autres états d'Europe de l'Ouest resteront relativement minoritaires mais connaîtront tous une hausse dans leurs scores.
-(cas particulier) En Grèce des soulèvement terroristes contre les Américains et les Anglais sont orchestrés par les minorités communistes.
De plus, le plan Marshall vise à démontrer la crédibilité Américaine dans cette guerre des aides opérées par les deux blocs
Le modèle communiste stalinien dans les pays d'Europe de l'Est apparaît dés 1949, après un temps consacré aux reconstructions puis à la rupture de la Yougoslavie avec L'URSS (la Yougoslavie restera communiste mais se maintiendra hors de la tutelle de Moscou pour bénéficier de la rivalité entre les deux blocs). La Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, l'Albanie et l'Allemagne de l'Est (RDA) sont alors sous la tutelle de Moscou et sont directement gérées par Staline et Jdanov. Un conseil d'aide économique mutuelle (COMECOM ou CAEM en français) voit le jour en 1949 et contribue aux échanges économiques des états du bloc de l'Est. A partir de ce moment, ces états ne commerceront quasiment plus avec le bloc de l'Ouest et ont tous l'URSS comme premier partenaire commercial et qui leur dicte ses directives. Tous ces états fonctionnent alors de la même manière que l'URSS c'est à dire que toutes les entreprises reçoivent des ordres de productivité, de la même manière que les kolkhozes soviétiques. La croissance industrielle annuelle moyenne est alors entre 5% et 8% et principalement concentrée sur l'artillerie lourde, en prévision d'une reprise armée des hostilités.Les états d'Europe de l'Ouest à forte majorité communiste comme la France ou l'Italie ont donc à ce moment là de fortes chances de basculer vers le bloc soviétique. De ce fait, les États Unis doivent par le plan Marshall prouver leur supériorité en aides afin d'éviter un retournement vers le communisme des pays d'Europe de l'Ouest, ce qui signifierait leur défaite.
L'affrontement présente aussi des intérêts économiques pour les États Unis.
B) Buts et espoirs de bénéfices économiques américains
D’abord, dans son discourt Georges Marshall explique son vœu d'apporter "une aide supplémentaire
à l’Europe" car "ses besoins en produits alimentaires et autres produits dépassent sa capacité de payement". Le but est donc en premier lieu de venir en aide à une Europe affrontant de nouveaux problèmes économiques car fort endettée et ne peut donc pas subvenir aux besoins de sa population.De plus, il définit l'enjeu économique de son plan: "favoriser le retour du monde à une santé économique normale". On dénote ici que Marshall entend étendre l’action de son aide économique au monde. Son plan n’est alors plus seulement réduit à l'Europe mais réellement international. Son but est en termes simples «sauver le monde» sur le point de vue économique. L’Europe assiste alors à son élévation étant donné que Marshall lui donne une position dominante à cause de ses problèmes économique qui pourraient toucher le monde entier.
De plus il souligne la puissance économique des États Unis qui a la réelle capacité d'aider le monde. Marshall en plus, raconte bien dans son discours que le second but économique du plan Marshall est en faveur des États Unis lorsqu’il déclare que la nécessité de l'Europe est avant tout de produits"essentiellement américain". Rappelant la supériorité industrielle et commerciale Américaine, il précise bien que les fonds du plan permettront à l'Europe d'acheter des produits américains et auront de cette manière d'efficaces retombées économiques Américaines car cela entraînera et remettra en marche les exportations Américaines. Marshall le dit de manière très explicite quand il précise que les "conséquences sur l’économie américaine seront claires pour tous". Différentes conditions sont finalement émises par les Américains avec le plan Marshall:
-L'Europe ne doit pas compter systématiquement sur les États Unis, et le plan Marshall est là pour les sortir de la crise une bonne fois pour toutes et que les pays Européens doivent collaborer pour progresser.
-Une collaboration idéologique et économique avec les Américains, afin de favoriser a légitimité de leur gouvernement actuel.
-Une tolérance vis à vis des autres pays partageant l'idéologie américaine (Marshall, comme dit précédemment souhaite également l'adhérence des autres pays du monde. C'est le refus des pays de l'Est qui entraîne la rupture entre les deux blocs).
Nous pouvons donc dire que le plan Marshall se traduit par un accord donnant-donnant entre les États Unis et les Pays d'Europe de l'Ouest de manière à entraîner des conséquences positives des deux côtés.Nous notons néanmoins que Marshall souhaite orienter les états acheteurs chez les Américains.